Vers un changement de paradigme : de la dépendance alimentaire mondialisée à la souveraineté alimentaire biorégionale
Article soumis à la consultation nationale sur la souveraineté alimentaire biorégionale, New Delhi, Inde.
Sudha Sreenivasa Reddy, Ajit Muricken, 2013
Le droit à l’alimentation durable est un droit fondamental accompagné de la responsabilité inhérente de protéger ce droit. L’alimentation est avant tout une source de santé et de bien-être et seulement accessoirement un article de commerce. L’agriculture doit être destinée à fournir une sécurité alimentaire durable. En outre, l’alimentation est indispensable à la survie humaine, à l’identité culturelle et à une subsistance durable, et il ne faut pas la considérer comme une source de profits sujets aux « lois du marché » et à l’avarice humaine. Par conséquent la question de la sécurité ou l’insécurité alimentaire est essentiellement une question de droits de l’homme fondamentaux, d’équité et de justice sociale : chacun a un droit fondamental à l’alimentation, et il est crucial que la souveraineté alimentaire soit liée à la maîtrise par les communautés de la production et la distribution des ressources. De même, l’utilisation et la protection des connaissances autochtones et de la biodiversité sont essentielles à la souveraineté alimentaire durable.
La mondialisation de l’agriculture transgresse toutes les composantes des droits de l’homme liées à l’alimentation. Ce pillage honteux des ressources naturelles collectives de l’humanité se poursuit sous l’incantation du modèle économique néolibéral, même dans les régions où les formes de vie sont considérées comme sacrées : les codes génétiques, la flore et la faune, les graines et même des ressources telles que l’eau, autrefois considérée comme héritage commun de l’humanité, sont maintenant convertis en objets marchands commercialisables à exploiter pour en tirer des profits. L’exploitation et l’expropriation des ressources naturelles, légitimée par une cosmologie et une vision du monde anthropocentriques, et l’ignorance des lois et des équilibres de la nature ont pour conséquence une destruction à grande échelle de l’écosystème.
Le concept de souveraineté alimentaire biorégionale est fondé sur la compréhension que chaque zone climatique a des caractéristiques spécifiques et produit des aliments de base nutritifs pour les êtres humains qui y vivent. La commission nationale de l’Inde pour l’agriculture a lancé un programme pour délimiter des régions agro-climatiques au niveau national et des zones agro-climatiques au niveau régional. Elle a identifié 15 régions agro-climatiques dans le pays.
Les catégorisations écologiques réunissent des ensembles comprenant les attributs de la terre, la topographie, la géologie, le climat, le sol, la végétation, le nappes phréatiques, l’utilisation existante de la terre, les activités humaines liées à l’utilisation de la terre et l’importance de l’interférence humaine dans le système naturel. Chacun de ces attributs est classifié en fonction de ses caractéristiques spatiales. L’Inde est un grand pays fait d’une grande diversité de zones agro-climatiques, de saisons et de systèmes de récolte et d’agriculture. Les zones agro-climatiques sont source de diversité alimentaire : certaines régions produisent du blé et d’autres régions produisent une variété de millets, de légumes, de fruits etc. Mais aujourd’hui la monoculture et les habitudes alimentaires normalisées par le marché de l’alimentation ont conduit à l’oblitération de la diversité alimentaire.
Chaque écosystème a créé ses propres systèmes et pratiques culturels : poésie, folklore, littérature, musique et festivals agricoles saisonniers liés aux périodes de moisson et d’ensemencement. Les pratiques agricoles traditionnelles étaient ancrées dans les communautés sur des principes de collaboration mutuelle : partage, soin des autres et participation au travail de chacun. Ces pratiques ont créé une philosophie de la responsabilité et de la coresponsabilité.
La transition vers une agriculture biorégionale durable est un impératif pour la souveraineté alimentaire, aux niveaux local et national. La perspective et les méthodes régissant l’agriculture durable doivent inclure une stratégie d’intégration du potentiel productif maximum des gens sans terre et valoriser une productivité maximale grâce à une technologie adaptée et écologique afin de fournir de la nourriture pour le secteur urbain. La diversité, base de l’agriculture durable et en cours de destruction par les monocultures, est la clef de la sécurité alimentaire aux niveaux national et des communautés. On redécouvre un peu partout l’agriculture biologique et l’agriculture à faible intrants externes comme nécessaires à la protection de l’environnement, la protection sanitaire et la protection de la souveraineté alimentaire.
Descargar: towards_a_paradigm_shift_from_globalised_food_dependency_to_bio_regional_food_sovereignty.pdf (31 KiB)
Referencias
*Ajit Muricken, président, et Sudha Reddy, directrice - Eco Foundation for Sustainable Alternatives – EFSA (Inde)
*Ajit Muricken, président, et Sudha Reddy, directrice - Eco Foundation for Sustainable Alternatives – EFSA (Inde)